Le grand bonheur des petits espaces

Et si on vivait plus libre et plus léger dans une poignée de mètres carrés ? Architectes et designers relèvent brillamment le défi. Enquête sur une tendance d’avenir, à l’approche de la Design Week de Paris et du Salon Maison & Objet, qui s’ouvrent le 8 septembre.

En juin dernier, cinq designers d’Ikea ont vécu une expérience inédite. Pendant trois jours, ils sont restés cloîtrés dans les simulateurs de vie de la MDRS (Mars Desert Research Station) installée dans le désert de l’Utah. L’objectif de cette réclusion volontaire ? S’inspirer des conditions de vie des astronautes pour créer une nouvelle gamme de produits dédiés aux petits espaces dont l’arrivée en magasin est prévue pour 2019. « Le but de cette association avec la Nasa est d’appréhender le problème du rangement avec une approche complètement novatrice. Les limites et les contraintes de la vie dans l’espace vont nous aider dans cette recherche », expliquait alors Marcus Engman, directeur du design chez Ikea, lors d’une conférence de presse à Älmhut, le fief du groupe, en Suède. Le gain de place et l’aménagement des petites surfaces sont pour le géant scandinave des questions cruciales. Le designer maison Kevin Gourou imagine que, dans une trentaine d’années, un couple avec deux enfants vivra en ville dans 25 m2, il planche donc actuellement sur une gamme de 50 éléments essentiels destinée aux micrologements. « Je suis convaincu que nous pouvons très bien vivre dans plus petit si nous acceptons de posséder moins de choses mais de meilleurs objets », affirme-t-il.

La réflexion d’Ikea s’appuie sur un rapport des Nations Unies prévoyant que, d’ici à 2050, 70% de la population mondiale vivra en ville ; 2,5 milliards de personnes supplémentaires devraient ainsi habiter dans les zones urbaines. L’Inde est particulièrement concernée ; d’ailleurs, le numéro 1 mondial de l’ameublement projette d’y ouvrir 25 magasins d’ici une dizaine d’années. Ikea compte bien trouver des solutions adaptées pour meubler ces millions de futurs appartements, aussi petits soient-ils.

MISER SUR L’ORIGINALITÉ

Les designers d’IKEA ont joué aux astronautes pour étudier les petits espaces avec la Nasa ©IKEA

L’aménagement des zones urbaines est l’un des défis majeurs du xxie siècle, une question sur laquelle s’est penché l’ancien maire de New York Michael Bloomberg en lançant en 2012 le projet immobilier My Micro NY avec le cabinet nArchitects pour répondre à la pénurie de logements et à la hausse des loyers. Sorti de terre au printemps 2016, The Carmel Place, dans le quartier de Kips Bay, est la première tour d’habitation de micro-unités de New York avec 55 appartements de 24 à 33 m2. Le bâtiment est composé de minces tours accolées les unes aux autres dont la construction est entièrement modulaire ; à l’intérieur des appartements, les architectes ont privilégié la sensation d’espace en misant sur la lumière, grâce à de grandes baies vitrées, et sur l’ergonomie, avec du mobilier intégré. Dans les parties communes, on trouve une salle de gym, un local à vélos, une buanderie et un lieu de stockage pour la nourriture.

Ces différents espaces sont dispersés dans tout le bâtiment afin de gagner de la place dans les appartements mais aussi de créer du lien entre voisins. Le défi était ici de transformer les contraintes d’un espace réduit en une expérience de vie positive et communautaire. Les petites surfaces, c’est aussi la spécialité de l’architecte Rebecca Benichou du studio parisien Batiik. « Le secret d’un petit espace harmonieux, ce sont les rangements et les meubles modulables. Après, il faut miser sur l’originalité pour gagner en valeur ajoutée », conseille la jeune femme, dont les derniers défis étaient de transformer 11 m2 en bonbonnière ou de créer un cube multifonctions dans un 30 m2.

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